Thémiselva compte relâcher un maximum des animaux accueillis dans le futur refuge. Cependant, cette étape n’est pas aussi systématique qu’on ne le pense.

On ne s’en rend pas forcément compte mais relâcher un animal n’est pas tâche facile. C’est un processus long et coûteux qui doit être pensé pour le long terme et à l’échelle de l’écosystème et de l’espèce plutôt que de l’individu.
Tous les animaux qui arrivent en centre de secours animalier ne sont malheureusement pas candidat à un retour à la liberté. Il n’est en effet pas rare que certains oiseaux aient les tendons des ailes coupés pour les empêcher de voler ou encore que certains félins aient les griffes arrachées ou les dents limées pour être moins dangereux. Ces individus n’ont bien évidemment aucune chance de survie dans la nature.

Redonner sa liberté à un animal est une grande responsabilité, si l’animal ne réuni pas toutes les conditions nécessaires, il peut mourir de faim car il n’est pas apte a trouver sa nourriture, revenir auprès des hommes et se faire capturer (ou tuer s’il est trop peu farouche) ou encore, être en difficulté ou s’intoxiquer en ingérant de la nourriture non adaptée. L’échec le moins impactant pour l’animal serait qu’il soit exclu ou s’exclut lui-même du reste des membres de son espèce. Il jouira d’une liberté légitime mais n’interviendra pas dans le futur de son espèce. Il ne faut pas non-plus que l’animal soit capable d’enseigner à ses congénères de mauvaises habitudes apprises en captivité.

On peut distinguer 4 étapes dans le processus de libération.

Enrichissement d’un grison

La réhabilitation

La réhabilitation sert à préparer l’animal à être capable de survivre dans la nature et à respecter les codes de son espèce. Il doit être psychologiquement et physiquement apte. Il faut qu’il adopte un comportement similaire aux animaux sauvages en cas d’interactions avec des congénères ou encore concernant le régime alimentaire.
Pour arriver à ce résultat, il est important d’essayer de recréer au maximum en captivité les conditions de vie sauvages (climat, choix de la nourriture et méthode de présentation de celle-ci, agencement intérieur de la cage, l’animal vit-il seul, par paire, en groupe ?)
On utilise également des petits exercices appelés les enrichissements. Le but est d’obtenir des comportements naturels en captivité (apprendre à chasser par exemple) ou de faire travailler les sens de l’animal.
Dans la phase de réhabilitation, l’observation est primordiale pour ajuster les exercices et évaluer si un individu ou un groupe est apte ou non.

La présence de l’Homme doit être limitée au maximum pour déshabituer l’animal et espérer qu’une fois dans la nature il n’ait pas envie de s’en approcher.

L’aspect clinique 

Le risque majeur lors du relâcher d’un animal est qu’il soit porteur d’une maladie contractée au contact de l’homme et qu’il la transmette aux individus sauvages. Les bonnes intentions ne suffisent pas et il faut prendre en compte très sérieusement cet aspect là sous peine d’amener plus de négatif que de positif à la population sauvage.
Les maladies à contrôler dépendent des espèces. D’un point de vue économique et pratique, on ne peut évidemment pas tester toutes les maladies existantes, on peut seulement diminuer le risque au maximum.

Relâcher de furets à pattes noires

Source : « Black-Footed Ferret Release » by City of Fort Collins, CO

Le relâcher 

Pour relâcher un animal, on peut l’emmener directement dans la zone voulue et le laisser se débrouiller par ses propres moyens.
Une autre technique consiste à disposer d’une cage à l’endroit choisi par la libération. On ouvre alors une porte et on laisse l’animal découvrir son nouvel environnement à son rythme. Pendant cette période on continue à lui mettre de la nourriture à disposition (de moins en moins) jusqu’à ce qu’il sache subvenir à ces besoins.

Dans les deux cas, il faut essayer de faire correspondre la date de libération avec la période d’abondance en nourriture. Ainsi, l’animal s’acclimate plus facilement et a le temps de prendre ses marques et avant d’affronter une baisse des ressources alimentaires.

Concernant les espèces grégaires, il est possible de libérer des animaux par groupe ou encore de faire adopter un individu par un groupe sauvage. La réussite de cette méthode dépend aussi de la bonne volonté des animaux sauvages.

Le suivi 

C’est l’étape qui viendra valider ou non le protocole de relâcher.
Cette phase à plusieurs objectifs : s’assurer que l’animal est toujours vivant et contrôler qu’il adopte des comportements similaires aux animaux sauvages. Savoir où se trouve l’animal est important en cas d’échec du protocole de relâcher pour pouvoir recapturer l’animal.
On peut suivre un animal par la recherche d’indice de terrain (traces de pattes, proies…), avec la technique VHF (le râteau et le bip bip bip) ou encore par GPS.

L’animal peut aussi être marqué comme le condor ci-contre sur lequel ont été posés 2 fanions avec un numéro et une couleur, permettant de le reconnaître parmi ses congénères. Cependant, cette technique permet seulement de savoir si l’animal est toujours en vie et s’il a bougé d’un point A à un point B, sans connaître son trajet.

Seules les données GPS ou ARGOS sont vraiment fiables (la densité de la jungle peut toutefois perturber cette technologie). Le suivi par indices n’est envisageable que pour de très grandes espèces et le suivi par radiotracking (triangulation) est rendu difficile par la luxuriance de l’habitat ajouté à la difficulté de se déplacer (dans l’exemple de la jungle).

Condor 48-rouge

Source : »Condor #48 in Flight over Grand Canyon AZ » by PetraZone

Les autres points importants 

Le choix du site de relâcher : il faut bien connaitre l’écosystème en question pour essayer d’évaluer l’impact du projet de libération sur les autres êtres vivants. Aider une espèce pourrait être synonyme d’en décimer une autre.
L’aspect légal : Il faut absolument l’accord des autorités locales et avoir rempli toutes les conditions administratives requises dans le pays concerné.
Le programme de sensibilisation : Les communautés locales doivent être informées des plans et de l’avancée du projet de libération pour comprendre les buts recherchés et les avantages que peut en tirer la région. Ce programme peut aussi éviter des captures ou la chasse des animaux relâchés par les personnes peuplant la région.Thémiselva travaille déjà sur cet aspect en intervenant dans les écoles locales. A travers ces actions, nous tentons de faire prendre conscience aux habitants de la richesse de leur pays et de l’importance de la préserver.
Le suivi de l’écosystème : Il est nécessaire de faire une étude post-libération de l’écosystème pour contrôler si les planifications étaient correctes et évaluer concrètement les conséquences du projet de relâcher.

Le point de vue de Thémiselva 

En théorie, relâcher un animal peut paraitre simple. En pratique, la réalité économique et les contraintes de temps rendent la tâche plus compliqué. Toutefois, les étapes citées ci-dessus sont nécessaire pour un projet de libération sérieux et responsable.
Nous pensons donc que dans notre cas, il est préférable de concentrer nos efforts sur une ou deux espèces et développer un programme de libération qui répondra au maximum aux requis légaux, scientifiques et éthiques. Nous avons déjà une idée de l’espèce sur laquelle nous voudrions nous concentrer. Restez connectés, il semblerait que nous révèlerons son nom le mois prochain…