Il est enfin venu le temps de vous présenter l’espèce sur laquelle nous souhaitons nous concentrer pour la réintroduction. Comme vous l’avez vu dans le titre, il s’agit du singe araignée et particulièrement le singe araignée à tête noire (Ateles chamek).
Laissez-nous vous le présenter et à la fin de cet article, nous vous expliquerons pourquoi nous avons choisi cette espèce en particulier.
Description
Le singe araignée fait partie de la famille des Atelidés qui regroupe les singes hurleurs, les singes laineux, les singes araignées et les singes araignées-laineux. Il existe différentes espèces de singes araignées, mais une seule d’entre-elles vit en Bolivie, c’est le singe araignée à tête noire (Ateles chamek). Cette espèce est classée en danger sur la liste rouge de l’IUCN.
Les Atèles (autre nom des singes araignées) sont caractérisés par leur grande taille puisque leur corps fait environ 70 cm et leur queue peut mesurer jusqu’à 1m. Leurs extrémités, à savoir, les pattes et la queue, sont longues. Ils se déplacent par brachiation, c’est-à-dire en se balançant d’une branche à l’autre à l’aide de leurs longs membres, comme le font les gibbons ou les orang-outan. Les singes araignées ont une queue préhensile, ils peuvent donc s’en servir pour s’accrocher.
Ces singes ont la peau noire bien que certaines espèces aient un visage rose.
Ils vivent entre 30 et 40 ans.
Ce sont des animaux diurnes (qui vivent le jour) disposant d’une excellente vue. Ils vivent par groupe d’une dizaine d’individus. Comme les chimpanzés, ces groupes se divisent en journée pour se nourrir et se retrouvent le soir pour dormir ensemble.
Femelle singe araignée à tête noire
Le saviez-vous ?
Pour distinguer le mâle de la femelle, il suffit de regarder si un bout de peau rose pend entre les jambes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le pénis du mâle mais le clitoris de la femelle qui pend. Il peut faire jusqu’à 5 cm ! Les mâles ont bien un pénis mais il est plus petit et moins visible. Vous pouvez voir une femelle et son clitoris sur la photo ci-dessus.
Habitats
Le singe araignée vit dans la forêt tropicale, principalement en hauteur, proche de la cime des arbres. Il descend rarement au sol. 60 à 90% de son activité se fait proche de la canopée. Le territoire d’un groupe d’atèles fait 1,5 à 3,5 km². Les individus n’ont aucun problème à s’y repérer car ils en ont une très bonne carte mentale. Ces singes savent donc parfaitement où trouver des fruits suivant la saison, où aller dormir, etc.
Les singes araignées sont endémiques d’Amérique du Sud.
Le saviez-vous ?
En Bolivie, le singe araignée est appelé « Marimono«
Régime alimentaire
Ces primates consomment 77% de fruits, on dit qu’ils sont frugivores spécialistes. Pour compléter ce régime alimentaire, ils se nourrissent de bourgeons, de feuilles, d’écorce, de champignons et de quelques animaux (principalement des invertébrés).
Les atèles consacrent 18% de leur temps à se nourrir, 45,5% à se reposer et 6% aux interactions sociales.
Reproduction et dispersion
Les singes araignées, ont un taux de natalité faible. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 4 ou 5 ans tandis que les femelles ne peuvent se reproduire qu’à partir de leurs 9 ans. Les femelles s’accouplent avec plusieurs mâles. La gestation dure 239 jours soit presque 8 mois. Après la naissance, le petit restera sur le dos de sa mère jusqu’à ses 18 mois. Ensuite, il se déplace par ses propres moyens mais reste très proche de sa mère jusqu’à ses 4 ans. En moyenne, une femelle a un petit tous les 3 ans. Les naissances ont lieu à la période où il y a le plus de fruits. Les singes étant des mammifères, le petit est allaité.
Chez la plupart des primates, ce sont les mâles qui quittent le groupe à leur maturité sexuelle. Chez les atèles, ce sont les femelles qui se dispersent vers l’âge de 5 ou 6 ans. Le processus d’intégration d’un individu à un nouveau groupe est encore mal connu. Les groupes sont donc constitués des mâles de la famille et de femelles venues d’autres groupes.
Le saviez-vous ?
Pour s’accoupler, le couple s’éloigne du reste du groupe. L’accouplement a lieu après des vocalises particulières. Un rapport dure en moyenne 14 à 17 minutes, ce qui est plus long que la moyenne des autres primates.
Menaces
Aujourd’hui deux menaces principales pèsent sur les singes araignées : la déforestation et la chasse.
La déforestation provoque la fragmentation et la disparition de leur habitat, les empêchant de se développer dans de bonnes conditions. Ils n’ont plus assez de territoires pour se nourrir correctement et se reproduire.
La chasse a un gros impact sur les atèles puisque leur taux de natalité est très bas. A cause de cela, les populations mettent beaucoup de temps à se régénérer. Ils sont principalement chassés pour leur viande. Une partie des individus est capturée vivante puis revendue illégalement comme animal de compagnie.
Pourquoi les singes araignées ?
Maintenant que vous en savez plus sur l’Ateles chamek et les atélidés en général, voici pourquoi Thémiselva a choisi, dans un premier temps, de se concentrer sur la réintroduction de ces primates. Premièrement, cette espèce est assez fréquente dans les centres de secours de faune sauvage. Elle fait partie des espèces dont le trafic est assez important. Deuxièmement, elle est classée « En Danger » sur la liste rouge de l’IUCN, il est donc important de travailler à sa réintroduction. Troisièmement, d’autres programmes de réintroduction d’atèles ont eu lieu en Amérique du Sud, notamment en Colombie et au Pérou. Nous pourrons nous appuyer sur ce qui a déjà été fait : reproduire le positif et apprendre du négatif. De plus, les responsables de ces programmes, pourront nous apporter leur aide et leurs connaissances tout au long du processus. Dans le passé, autour de Buena Vista, où nous sommes actuellement en Bolivie, il y avait des singes araignées mais à cause de la déforestation et de la chasse ils ont disparu de la zone. Réussir à réintroduire des individus ici serait donc une victoire. De plus, dans un premier temps, cette nouvelle population ne serait pas en contact direct avec les populations sauvages actuelles. Cela nous laisserait le temps de repérer et d’agir s’il y a des problèmes de maladies ou de mauvais comportements qui nous auraient échappés et qui pourraient impacter les populations sauvages.
Évidemment ce travail de réintroduction se fera en parallèle d’un projet éducatif pour sensibiliser les populations locales et éviter que ces primates soient à nouveau exterminés de la zone.
Ce projet ne se concrétisera pas avant plusieurs années mais nous avons hâte de construire le refuge, de recevoir les premiers animaux et de commencer les étapes menant au relâcher des singes araignées. Avec le confinement pour le Covid-19, nos recherches de terrains sont au ralenti. Mais nous vous parlerons davantage de tout ça dans le récap du mois de mai ! D’ici là, vous pouvez nous retrouver sur nos réseaux sociaux (Facebook, Instagram et Snapchat) et ici-même, où nous postons deux articles par mois.
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